Comme promis, voici les photos. Je commence par les aiguilles Roco (et Fleischmann gamme ex Roco).
Voici un aiguillage tout juste sorti de sa boite, mais stocké de puis un bon moment (10 ans ou plus ?)
Un rapide contrôle de continuité électrique à l'Ohmmètre montre qu'il n'y a pas de problème entre le rail fixe et la lame qui donnent la direction "déviée". En revanche, entre le rail fixe et la lame qui donnent la direction "Tout droit", ce n'est pas bon. Ce n'est pas franchement isolé, mais l'Ohmmètre ne se stabilise pas, les chiffres changent tout le temps et encore plus quand on manipule l'aiguillage. Même si avec un courant plus fort cet isolement indésirable "claquerait" peut-être, ça n'ira pas en s'arrangeant et c'est à coup sûr des em***dements pour l'avenir. Une fois l'aiguillage intégré dans le réseau avec ballast et décor, c'est très difficile d'intervenir.
Donc pas d'hésitation à avoir : traitement préventif par pontage électrique des articulations des 2 lames d'aiguilles. Je profite de cette intervention pour enlever le mécanisme manuel et arraser les plots qui accueillent ses vis, car tous mes aiguillages seront commandés par des moteurs Conrad placés sous la table de roulement.
Voici donc l'aiguillage sur le dos, débarrassé de son mécanisme :
Sur la photo, on voit que le dessous des lames est accessible entre 2 traverses et qu'on pourra y souder un fil. Par contre, les rails fixes sont masqués par les languettes de plastique qui relient les traverses entre elles. Il faut donc ressortir le X Acto et couper entre 2 traverses pour faire apparaître le dessous des 2 rails fixes.
Voilà qui est fait :
Il va falloir souder... Opération délicate, car il ne faudra pas trop chauffer pour ne pas faire fondre le plastique qui tient les rails, et encore moins faire des gros pâtés de soudure qui vont bloquer les lames.
Pour mettre toutes les chances de son coté, il faut préparer l'opération.
- Tout d'abord, gratter avec la lame du X Acto les patins de rails où l'on va souder pour ôter la micro pellicule d'oxydation, et ensuite, y déposer de la pâte décapante avec un tout petit tournevis .
- Ensuite, il faut déposer un petit plot de soudure en chauffant juste assez (il faut que le plot tienne et ne soit pas seulement collé) mais surtout pas trop (la soudure ne doit absolument pas s'étaler et se répandre entre les lames et les traverses, sinon c'est bon pour la poubelle). A noter que c'est surtout les 2 soudures sur les lames qui sont délicates, sur les rails fixes c'est moins grave si la soudure s'étale un peu.
Pour réussir ces soudures, je conseille de déposer une toute petite goutte de soudure sur la panne du fer à souder, et de la déposer sur le rail avec le fer (sans ajouter de soudure supplémentaire) en insistant un tout petit peu pour que ça prenne. Entrainez vous sur un vieux morceau de rail si vous n'êtes pas sûr de vous.
Voici à quoi ressemble ce qu'on doit obtenir, à partir de là le plus difficile est fait :
A ce stade, il faut vérifier que les lames tournent toujours librement. Si elles bloquent, ce n'est pas la peine d'aller plus loin...
L'étape suivante consiste à étamer le fil qui va servir à ponter les articulations. J'ai utilisé le fil d'un bobinage d'un petit transfo HS.
C'est fin, pas beaucoup plus gros qu'un cheveu, mais il le faut. Si le fil est trop gros, sa rigidité empêchera les lames d'aiguilles de tourner. La finesse peut faire un peu peur car il pourra parfois passer dans ce tout petit fil plusieurs centaines de mA, mais pendant très peu de temps : juste le temps de passage de chaque roue captrice de la loco sur les quelques cm de la lame, et seulement si le contact d'origine de l'articulation est défectueux au même moment, et si les autres essieux de la loco ne captent rien non plus à cet instant. Bref, il n'y a pas franchement de risque que le fil chauffe et fonde.
Avec du fil émaillé si fin, pas besoin de gratter l'émail. Il suffit de le plonger quelques secondes dans une goutte de soudure en fusion sur la panne du fer à souder et l'émail fond tout seul.
Il faut maintenant souder le fil sur le rail. C'est assez facile si les plots de soudures ont bien été réussis : on pose l'extrémité du fil sur le plot de soudure, on pose le fer sur l'ensemble environ 1/4 de seconde, et ça suffit pour obtenir ça :
Il faut maintenant souder l'autre extrémité sur le rail fixe, et faire de même avec l'autre lame et son rail fixe. Prévoir un peu de mou dans la longueur du fil, car pour que les lames tournent sans problème, on peut faire une sorte de "queue de cochon" qui donnera de la souplesse.
L'heure est venue de vérifier que :
- d'une part les lames tournent toujours librement (on aura forcément une petite résistance au mouvement, mais elle doit rester largement inférieure à la force du moteur ou du mécanisme de manœuvre de l'aiguillage.
- d'autre part que la continuité électrique est maintenant parfaite entre les lames et les rails fixes. Si ce n'est pas le cas, c'est qu'on a fait une mauvaise soudure quelque part et il faudra la refaire.
Pour finir l'ensemble, on peut protéger les fils en collant un simple morceau de papier. Cela évitera par exemple le risque d'arrachement des fils lors d'une manipulation.
J'espère que c'est assez clair, certaines photos sont un peu en contre jour et ce n'est pas facile de prendre les photos tout en tenant le fer à souder ou le fil...
Je tâcherai de faire la procédure et les photos pour les aiguillages Minitrix samedi.